06 mars 2018

Financement de L’Arbre aux Hérons : (1) fera-t-il mieux que les chatons explosifs ?

Pourquoi jouer si petit bras ? Depuis ce matin, L’Arbre aux Hérons fait l’objet d’une campagne de financement participatif, ou crowdfunding, sur Kickstarter. Objectif affiché : 100.000 euros. Pour que L’Arbre aux Hérons se fasse, il faudrait que particuliers et entreprises lui fassent cadeau de près de 12 millions d’euros. Avec Kickstarter, ses promoteurs espèrent en trouver même pas 1 % (et même pas 0,3 % du budget total du projet). C’est carrément ridicule.

En même temps, c’est plus prudent. « En France, Kickstarter collecte les déconvenues », titrait le Journal du Net voici quelques mois. Près des deux tiers des campagnes de financement lancées en France sur Kickstarter sont des échecs, alors que plus des deux tiers sont des succès chez ses concurrents français Ululé et KissKissBankBank (il existe aussi une plate-forme bretonne, Kengo.bzh). Pourquoi alors avoir choisi Kickstarter, dont le siège est à Brooklyn ? L'effet du mirage américain, sans doute.

Mais pas d’affolement ! Ici, aucun risque de ne pas aboutir. Selon une pratique fréquente, on a placé la barre assez bas pour être sûr de la franchir. On l’a même placée, cette barre, à un niveau dérisoire. On pourra ainsi se targuer d’un immense succès : couvrir peut-être la totalité de la somme officiellement demandée en une seule journée, puis continuer jusqu’à réunir trois, quatre, cinq fois le montant initial… dix fois même, pourquoi pas ? C’est une pure affaire de com’, et cela n’a rien d’exceptionnel. Le projet de jeu de cartes Exploding Kittens (chatons explosifs) demandait 10.000 dollars ; il en a obtenu 8.782.571.

Pour L’Arbre aux Hérons, une récolte inférieure au million d’euros serait déjà un petit désastre en soi. Ou un gros. Un million est un ordre de grandeur relativement commun sur Kickstarter, où 278 projets ont réuni plus d’un million de dollars (soit 810.000 euros). Un projet français, celui du jeu The 7th Continent, a même récolté plus de 7 millions de dollars, soit largement plus de 5 millions d’euros. Pourtant, un million d’euros ne financerait encore que 2,86 % de L’Arbre aux Hérons !

Mais cela permettra quand même de voir quelle proportion de L’Arbre aux Hérons les Nantais sont prêts à financer bénévolement, et de la comparer à celle qu’ils devront financer par leurs impôts, qu’ils le veuillent ou pas…

5 commentaires:

  1. hypothèse : et si l'argent collecté importait moins que l'utilisation de kickstarter en tant que vecteur de communication international, en dehors donc de la france. Une opération marketing qui rapporte de l'argent au lieu d'en couter (pour l'instant, car je sais que vous veillez aux comptes !!). Rien ne dit effectivement que l'hypothèse du vecteur de communication a un impact à l'arrivée, mais il est à "peu de frais" si je puis dire.

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  2. D'accord avec vous, puisque cette campagne n'est pas une opération de financement sérieuse, c'est probablement un stratagème de communication. En effet, l'impact international n'est pas du tout garanti(à cette heure-ci, 82 % des contributions viennent de France). Il ne porte que sur des amateurs de financements participatifs, clientèle dont rien ne dit qu'ils sont une clientèle intéressante pour un équipement touristique, qui de toute façon ne sera pas opérationnel avant au moins quatre ans : largement assez pour oublier ce crowdfunding, d'autant plus que bien d'autres opérations seront présentées dans l'intervalle ! Même en tant qu'opération de com', donc, c'est du n'importe quoi.

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  3. Le plus édifiant c'est encore d'entendre, dans la vidéo de lancement, un édile qui se félicite de n'avoir rien construit d'aussi beau depuis — je cite : les Jardins suspendus de Babylone... Tadam ! Oh ! Et n'oublions pas les galants donateur de 1 000 € ou plus, qui se verront récompensé en voyant leurs noms gravés dans les bancs du site des Machines de l'Île...

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  4. D'autant plus édifiant qu'on n'est même pas très sûr de l'existence matérielle de ces jardins. Eux aussi ont dû avoir un sacré baratineur... Et s'ils ont vraiment été construits, c'est par Nabuchodonosor II, un épouvantable tyran.

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  5. Le montant aussi dérisoire qu'insignifiant du financement par les particuliers n'a surement pas pour but d'assurer le montage financier du tas de ferraille où il suffirait de retirer qq fioritures soit qq pots de fleurs ou qq tonnes de ferraille en moins. Dans un modèle de démocratie à la nantaise, plutôt que de prendre le risque d'une votation à l'issue incertaine, c'est plus facile de crier au plébiscite par le franchissement de l'obstacle ras les pâquerettes avec 0,28% tandis que ce score serait rédhibitoire dans les urnes. C'est ça la démocratie ici; le projet sera entériné par les citoyens, à leur insu.
    Quant à plate-forme, pour un projet d'ampleur mondiale qui doit drainer l'Humanité dans la capitale de Ouest de l'Europe (et de la France), il eût été indigne de se replier sur le modeste coq et a fortiori sur un petit coin anonyme. Mais, mais si, les Américains comme les Chinois sont déjà dans les starting-blocks.Ils pourront même en profiter ensuite pour aller à Paris, à Bilbao et au Mont St Michel qui sont à coté de Nantes.

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