18 septembre 2016

Lohengrin mal servi par la com’ d’Angers Nantes Opéra

Le Lohengrin de Wagner produit par Angers Nantes Opéra à La Cité, vendredi soir, fut un spectacle magnifique, salué par près d’un quart d’heure de rappels. Pourquoi en parler, alors, dans un blog consacré à ce qui ne va pas ?

Oh ! pas pour chipoter sur de minimes décalages ou sur le manque d’ampleur de Juliane Banse en Elsa de Brabant qui, AMHA, malgré sa technique parfaite, peinait un peu à donner la réplique à la formidable Catherine Hunold en Ortrud. Pas moyen même de ricaner sur les costumes, les scènes de duel ou le cygne censé amener Lohengrin à Anvers puisque cette version de concert était dépourvue de tout artefact scénique. Non, l’ensemble était superbe et généreux.

Généreux, ô combien : l’Orchestre national des Pays de la Loire au grand complet et le chœur d’Angers Nantes Opéra avaient reçu le renfort du chœur de l’Opéra national Montpellier Languedoc-Roussillon. La scène du grand auditorium était bondée et l’ONPL dirigé par Pascal Rophé a fait preuve d’un engagement, d’un enthousiasme qu’on ne lui a pas toujours vu dans le passé. Et sans fléchir, malgré trois heures de représentation quand même.

Bon, alors, qu’est-ce qui ne va pas ?

Les spectateurs. Ou plutôt les non-spectateurs. La salle de l’auditorium était loin d’être aussi bondée que la scène. À la louche, peut-être un cinquième des fauteuils restèrent inoccupés, surtout aux balcons et aux corbeilles. Une production si brillante et si coûteuse pour si peu de spectateurs, quel gâchis ! Qui plus est, ce joyau n’aura eu que trois représentations, deux à Nantes et une à Angers, alors que les spectacles d’Angers Nantes Opéra ont « huit représentations en moyenne », assure la ville de Nantes !

Les absents ont toujours tort ? Les Nantais se contrefichent de l’opéra ? Allons donc ! Angers Nantes Opéra n’a pas pour seule vocation d’organiser des spectacles. La première mission du syndicat mixte est l’action culturelle. À lui de faire venir les spectateurs. S’il n’y parvient pas, il est en échec, il jette par les fenêtres l’argent public englouti dans la création des spectacles (environ 80 % de subventions de l’État, de la région, des départements et des villes).

Or il ne déploie pas une grande pugnacité. Les billets pour Lohengrin étaient en prévente depuis le 29 mars : cela laissait pas mal de temps pour faire monter la mayonnaise. Un dépliant au format PDF a été mis en ligne sur le site d’Angers Nantes Opéra le 1er juin 2016. Depuis lors, rien hormis les mentions d’actualité, pas un seul article sur le blog de l’institution ! Un peu mieux sur Facebook avec une ou deux vidéos et quelques reprises d’articles extérieurs pour appuyer des informations essentiellement administratives du genre « Version de Concert. Billetterie ouverte », le 30 août.

Moins de trois semaines avant la représentation, ce passionnant avis a attiré neuf (9 !) mentions « j’aime », dont celles d’Angers Nantes Opéra soi-même, de sa responsable de communication, et d’un ses barytons et de madame, et quatre (4 !) partages, dont ceux de la même responsable de communication, du Cercle Richard Wagner de Lyon et de Catherine Hunold elle-même. Autant dire qu’il y avait le feu au lac des cygnes. Mais pas grand chose n’a été fait pour redresser la barre d’urgence.

Peut-être était-il trop tard de toute manière pour remédier à une communication qui manque de peps depuis longtemps. Avec un résultat mesurable : la page Facebook d’Angers Nantes Opéra a recueilli 2 350 mentions « j’aime ». Celle de l’Opéra de Paris 154 186. Celle de l’Opéra national de Bordeaux 8 363. Et celle de l’Opéra de Rennes, qui s’adresse en principe à une population trois fois moins nombreuse, 4 524.

[À l’heure où j’écris ces lignes, il reste deux occasions d’assister à une représentation de Lohengrin : ce dimanche à 14h30 à La Cité, mardi à 19h00 au Centre de congrès d’Angers]

Illustration : extrait d’une copie d’écran du site web d’Angers Nantes Opéra

1 commentaire:

  1. En 2014, Jean-Paul Davois, directeur général d’Angers Nantes Opéra, épinglé par une noble institution, s’indigne : « la Chambre régionale des comptes n’a pas à prendre de position politique, elle sort de son rôle et je trouve ça très inquiétant »

    Une déclaration qui ne manque pas de sel quand on se rappelle les conditions de désignation de l’intéressé.

    L'argent des contribuables ne mérite donc t'il aucune considération ?

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