01 juin 2015

Bolopoly (25) : Pari de Pascal ou Bolo de consolation ?

Sur le papier, la SoNantes a tous les avantages. Sauf qu’il n’y a pas de papier : c’est une monnaie dématérialisée. On est obligé de la dépenser chez les quelques dizaines de fournisseurs locaux qui acceptent la SoNantes. Est-ce mieux qu'avec des euros ? Non, rien n'empêche de dépenser ses euros chez les mêmes fournisseurs locaux, ou chez d'autres. La SoNantes n'affecte pas la trésorerie en euros des entreprises ; elle les oblige juste à calculer, en plus, une trésorerie en SoNantes. Non, la SoNantes n’a que deux avantages réels.

D’abord, c’est un signe identitaire ostentatoire : payer en SoNantes, c’est souligner en rouge vif qu'on est un consommateur nantais. Et vertueux en plus, à supposer que ça ne soit pas synonyme. Un peu léger pour justifier le temps et l'argent que Nantes Métropole et le Crédit municipal y ont consacré.

Ensuite, c’est un parachute ventral en cas de crise économique gravissime. Pascal Bolo le signalait incidemment au conseil municipal de décembre dernier : « Quand la crise arrive et que la liquidité se fait rare et que l’on ne peut plus trouver les moyens de financement de l’économie, à ce moment-là les systèmes tels que celui que nous proposons trouvent leur pleine pertinence et leur plein intérêt. » C’est une sorte d’équivalent économique du « pari de Pascal » : mieux vaut subir les contraintes de la SoNantes que  risquer l’enfer monétaire.

Curieusement, cet argument puissant n’est pas repris par le site sonantes.fr. Il est vrai que sa logique comporte quelques failles. Un, il n’est pas très politiquement correct pour un socialiste local d’envisager qu’une telle crise puisse survenir sous un gouvernement socialiste. Deux, en cas de crise de liquidité, les gens préfèrent détenir des espèces ou pratiquer le troc ; il est douteux qu’une carte de paiement les enthousiasme. Trois, la SoNantes ne fait pas partie des « moyens de financement de l’économie » puisqu’elle n’est pas (ou ne se veut pas) un instrument d’épargne. Quatre, si la crise est synonyme d'inflation, SoNantes, indexé sur l’euro, n’apporte aucune protection.

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