16 mars 2010

André Breton et Nantes : 80 ans, ça vous change une ville

« Nantes : peut-être avec Paris la seule ville de France où j’ai l’impression que peut m’arriver quelque chose qui en vaut la peine, où certains regards brûlent pour eux-mêmes de trop de feux (je l’ai constaté encore l’année dernière, le temps de traverser Nantes en automobile et de voir cette femme, une ouvrière, je crois, qu’accompagnait un homme, et qui a levé les yeux : j’aurais dû m’arrêter), où pour moi la cadence de la vie n’est pas la même qu’ailleurs, où un esprit d’aventure au-delà de toutes les aventures habite encore certains êtres, Nantes, d'où peuvent encore me venir des amis, Nantes où j'ai aimé un parc : le parc de Procé. » 
André Breton, 1928

« Nantes : sûrement avec Paris, Romorantin, Maubeuge et tant d’autres l’une des villes de France où j'ai l'impression que peut m'arriver quelque chose qui n’en vaut pas la peine, comme de payer une amende pour n’avoir pas nourri à temps l’horodateur, où certains regards brûlent pour eux-mêmes trop de feux rouges (je l’ai constaté encore l’année dernière, le temps de traverser Nantes en automobile – comptez une bonne heure – et de voir cette femme, une chômeuse, je crois : j'aurais dû m'arrêter, si seulement il y avait eu moyen de stationner), où pour moi la cadence de la vie n’est pas la même qu’ailleurs car tout s’y décide si lentement, où l’on nomme esprit d’aventure les banalités bobos de certains êtres subventionnés, Nantes, d’où peuvent encore me venir des amis, Nantes où j’ai aimé un parc et déploré le reste. » 
André Ligérien, 2010

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