18 février 2016

Lobbying pour NDDL (23) : les partisans du projet se tirent une Dreal dans le pied

Non, non, non, le document sur l’aéroport de Nantes Atlantique publié hier par Le Canard enchaîné n’était pas un « rapport confidentiel » mais un « document qui n’avait pas vocation à être rendu public » : confidentiel, quoi ! La réaction précipitée de la direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Dreal) sent un peu la panique.

Et franchement, on peut s’étonner que Xavier Boussion, dans Presse Océan*, reproduise purement et simplement les dires de la Dreal, en titrant même : « Le scoop du Canard prend l’eau ». Car ce service de l’État ne dément pas l’existence du document : il tente seulement de le décrédibiliser. C’est-à-dire de dévaloriser son propre travail, puisqu'il avait lui-même rédigé cette note. Et à la demande du préfet de région, encore : les fonctionnaires fourniraient donc des études bâclées à leur propre patron ?

Selon ce document l’aéroport de Nantes Atlantique pourrait être agrandi sans dommage pour la réserve naturelle du lac de Grand-Lieu… alors que l’urbanisation de ses terrains serait au contraire néfaste. Ce constat fragilise le dossier du nouvel aéroport en balayant deux de ses principaux arguments (protection du lac et libération de terrains à bâtir). Pire encore : il met en doute la loyauté même du débat.

Il donne à penser que, pour les services de l’État, il y a des choses qui se disent en public et des choses qui se disent en confidence, et que ce ne sont pas les mêmes. Ce qu’on a dit au préfet contredit ce qu’on a dit au public : qui a-t-on voulu tromper, le préfet ou les citoyens ? Tout le discours officiel autour du projet de Notre-Dame-des-Landes se trouve ainsi affecté d’une suspicion légitime. Avant qu’un référendum local puisse avoir lieu sereinement, il faudra remettre à plat tous les arguments. Même confidentiels.
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* Le site web de Presse Océan évoquait hier "un rapport embarrassant", mais sa version papier, après quelques heures de réflexion, a opté pour une présentation beaucoup plus édulcorée. On notera que Presse Océan n'autorise pas les POnautes à s''exprimer sur ce sujet, décidément voué à la plus grande confidentialité. Une journée après la mise en ligne, la discussion est fermée et seules deux contributions sont signalées... mais pas affichées. Ouest France, pour sa part, titre sur "un rapport gênant". Le rapport de la Dreal a été mis en ligne sur le site Reporterre.

16 février 2016

Bientôt une plateforme pour les lanceurs d’alerte nantais

On a déjà signalé ici le projet de deux Nantais, l’un journaliste et l’autre hacktiviste : créer une plateforme en ligne anonyme et sécurisée où des citoyens détenant des informations sensibles pourraient les communiquer à des journalistes sans mettre en danger leur vie privée ou professionnelle.

Mais comment financer ce projet ? Les deux créateurs de GoLeaks ne pouvaient évidemment pas solliciter les pouvoirs publics, qui ont toutes les raisons de voir ce projet d’un mauvais œil : si l’on ne peut plus gouverner entre soi…

Romain et Datapulte ont donc opté pour un financement participatif sur Kickstater (d'où provient l'extrait d'écran ci-contre). Et depuis ce matin, c’est chose faite : le financement a abouti, 133 contributeurs lui ont apporté 6.445 euros en soixante jours. Pas le Pérou, bien sûr, mais suffisant car les deux porteurs du projet sont bénévoles. 

12 février 2016

Lobbying pour NDDL (22) : vers un Syndicat mixte référendaire du Grand Ouest

Un référendum à propos de Notre-Dame-des-Landes ? On n’a pas fini de rire ! La presse s’interroge gravement sur le périmètre de la consultation. Commune de Notre-Dame-des-Landes ? Département de Loire-Atlantique ? Région des Pays de la Loire ? Et aussi la région Bretagne ? Ou l’ensemble du Grand Ouest ?

Le Syndicat mixte aéroportuaire du Grand Ouest comprend vingt-deux collectivités locales impliquées à un degré ou à un autre dans le projet de nouvel aéroport, dont deux régions, cinq départements, cinq agglomérations et dix communautés de communes. Chacune d’elles pourrait organiser son propre référendum sur tel ou tel aspect du projet, car la Constitution permet à toute collectivité locale d’organiser un référendum auprès de ses électeurs sur les sujets de sa compétence. Bonjour le bordel.

Un unique référendum régional, alors ? On imagine le dialogue :
‑ M. le président de la région, voudriez-vous bien organiser un référendum pour savoir si vos électeurs veulent ou non d’un nouvel aéroport à Notre-Dame-des-Landes ? 
‑ M. le président de la République, vous pouvez aller vous faire f… !
Quant à la question posée aux électeurs, elle devrait soulever d’interminables débats. Inutiles, d’ailleurs, puisque les chances d’amener la moitié des électeurs aux urnes paraissent à peu près égales à zéro. Or un référendum local n’est valable que si 50 % des électeurs inscrits y participent.

« Nous savons que les travaux doivent commencer au mois d’octobre », a benoîtement noté François Hollande. « Eh ! bien, d’ici le mois d’octobre, je demande au gouvernement, avec les élus locaux, qui partagent cette vision-là, d’organiser un référendum local pour qu’on sache exactement ce que veut la population. » On se doute que la véritable échéance n’est pas le mois d’octobre mais l’élection présidentielle de mai 2017. Et que les chances d’obtenir d'ici là une réponse populaire valable sont pratiquement nulles. En refilant le mistigri à Bruno Retailleau, François Hollande fait un grand pas vers la récupération du vote écolo !

11 février 2016

Zadar succède à Bordeaux, Nantes dans les choux

Et voilà le travail ! Le communiqué vient de tomber, dans la foulée de celui du remaniement ministériel. Comme prévu ici-même, Zadar, en Croatie, est élue European Best Destination 2016 devant Athènes et Plovdiv. Nantes ne monte même pas sur le podium.

Comme on l’a dit, si le titre de European Best Destinations (qui n’a rien d’officiel : il est décerné par un organisme privé) peut avoir une petite utilité pour la ville gagnante, il n’en a aucune pour les autres. À quoi ont servi les efforts déployés par le CCO, Audencia, le Marathon de Nantes, les Machines de l’île et pas mal d’autres ? À diriger du trafic vers le site www.europeanbestdestinations.com, un point c’est tout.

Mais le pire n’est pas ce gaspillage de temps et de bonne volonté. Le pire, c’est que Nantes sera une fois de plus comparée à Bordeaux. Bordeaux avait remporté le titre l’an dernier, devant Lisbonne et Athènes. En acceptant d’aligner Nantes au concours cette année, Le Voyage à Nantes courait le risque d’un ridicule public en cas d’échec. Voilà, c’est fait. Encore heureux que les Canaris aient battu les Girondins de Bordeaux…

European Best Destinations : et le vainqueur est…

Les jeux sont fait, le concours European Best Destinations est clos depuis hier, plus moyen de voter en faveur de Nantes. Laquelle des vingt villes pressenties aura-t-elle été désignée par les internautes (on exclut bien sûr l’hypothèse du pipotage) ?

Mon pronostic personnel : Zadar. Non, non, je ne plaisante pas, Zadar, une ville croate presque dix fois plus petite que l’agglomération nantaise.

En fait, parmi les vingt villes que European Best Destinations a convaincues de s'aligner à son concours, trois seulement semblent avoir pris l’affaire vraiment au sérieux : Athènes, Nantes et Zadar. Londres, Madrid ou Rome n’avaient sans doute pas besoin de ce modeste coup de pouce promotionnel. Prague, Vienne ou Plovdiv avaient peut-être mieux à faire que de rameuter leurs internautes.

Selon Alexa, 15,1 % des visiteurs du site www.europeanbestdestinations.com se trouvent en Croatie. À tous les coups, ils auront voté pour Zadar. Ils sont deux fois plus nombreux que les visiteurs français (7,7 %). Même si tous ces derniers avaient voté pour Nantes, nous serions encore loin derrière la ville dalmate. Or tous n’ont sûrement pas voté pour Nantes puisque la France comptait une autre ville « nominée » : Paris, excusez du peu.

La Grèce, elle, occupe une position intermédiaire avec 12,9 % des visiteurs de European Best Destinations. Le sort d’Athènes pourrait donc n'être pas scellé. Mais les chances de Nantes paraissent des plus minimes.

01 février 2016

Bolopoly (31) : pic d’échanges, abîme de résultats ?

La Sonantaise, association des utilisateurs de la monnaie complémentaire locale SoNantes, tient aujourd’hui son assemblée générale. Que va-t-elle pouvoir annoncer à ses adhérents ?

L’objectif affiché par les promoteurs de la SoNantes était de démarrer, fin avril dernier, avec 150 entreprises adhérentes. Le 7 octobre, la SoNantes comptait 112 entreprises adhérentes. Le 16 octobre, 115 entreprises adhérentes. Aujourd’hui même, l’annuaire SoNantes recense 114 entreprises adhérentes, dont 48 s’adressant aux professionnels et 64 aux particuliers (le total ne tombe pas juste ? Impossible, c’est le Crédit municipal qui tient les comptes !).

Le community manager de la SoNantes continue courageusement à assurer une présence quasi quotidienne sur Facebook, le plus souvent sous forme de petits messages de sympathie pour des commerces adhérents. La page a ainsi obtenu 296 mentions « j’aime » supplémentaires en trois mois et demi. Même chose sur Twitter : un message par jour avec quelques « j’aime » (163 depuis le début) et quelques retweets. En revanche, le blog de l’association La Sonantaise est inactif.

« Cette semaine nous avons eu un pic d'échanges », assurait la SoNantes le 29 janvier. Mais en phase de démarrage du système, les utilisateurs devraient devenir plus nombreux de jour en jour, c’est-à-dire qu’on devrait enregistrer un pic chaque semaine ! Et puis, un pic de dépenses en pleine période des soldes, faut-il s’en étonner ? Ce bulletin de victoire est en fait une mauvaise nouvelle.

Finalement, la vraie question intéressante à poser à l’A.G. de la Sonantaise serait celle-ci : à quelle vitesse la SONAO, qui gère la SoNantes, brûle-t-elle les 2 millions d’euros de capital dont l’a dotée le Crédit municipal, propriété de tous les Nantais ?