08 novembre 2015

Non, non, non, non, saint héron n’est pas mort car il branche encore

« On a la conviction que si le projet n'est pas inscrit au prochain mandat, c'est-à-dire en 2014, il ne se fera pas », déclarait Pierre Orefice à Frédéric Brenon, de 20 Minutes, il y a deux ans et demi, à propos du projet de l’Arbre aux hérons. « C’est 2019 ou jamais », insistait le patron des Machines de l’île, compte tenu des cinq ans qu’aurait duré le chantier. À l’heure qu’il est, donc, c’est fichu.

Fichu... à moins bien sûr que Pierre Orefice n’ait parlé à tort et à travers. C’est apparemment ce qu’espère la Jeune chambre économique Sud Loire. Elle redit de temps en temps, sur Facebook et dans la presse, son espoir de voir le projet se réaliser quand même. Sans craindre l’acharnement thérapeutique, elle voudrait le tirer du coma en lui apportant sur un plateau le financement que Nantes Métropole, instruite par l'expérience des Machines de l'île, ne semble pas décidée à lui accorder. Deux sources sont envisagées :
  • un crowdfunding qui ferait appel à de généreux donateurs
  • le parrainage des 22 branches et des 40 bancs de l’Arbre
On a déjà évoqué le crowdfunding ici : inutile de se bercer d’illusions sur ses perspectives. Le record absolu, et de loin, des financements participatifs rassemblés via le leader français et européen Ulule est inférieur à 0,7 millions d’euros, soit 2 % de ce qu’il faudrait à l’Arbre aux hérons. Or ce record a fait intervenir près de 12.000 contributeurs alors que la page Facebook du projet nantais a recueilli, au 6 novembre, 723 mentions « j’aime » (qui au surplus ne sont nullement des promesses de financement).

Reste le parrainage : 62 panneaux publicitaires à commercialiser. La formule n’est pas une nouveauté. À New York, Central Park a mis en place en 1986 le programme « Adopt a Bench ». Sur les 9.000 bancs du parc, 4.100 ont trouvé preneur, à 10.000 dollars pièce. À supposer que la JCE trouve des parrains pour tous les bancs de l’Arbre et que chacun d’eux accepte de payer aussi cher que pour un banc de Central Park (défense de ricaner), la recette plafonnerait aux alentours de 370.000 euros, soit un peu plus de 1 % du budget nécessaire. Et l’on remarquera qu’il a fallu 29 ans à Central Park pour placer moins de la moitié de ses bancs…

Les branches pourraient-elles se vendre plus cher ? Rien n'est moins sûr*. Et allez donc trouver 22 entreprises (hormis les habituels SAMOA et autres pseudopodes municipaux) qui soient prêtes à dépenser beaucoup d’argent pour y accrocher leur nom… Et puis, la transformation de l’Arbre en panneau publicitaire géant pourrait soulever d’intéressantes questions : Est-ce vraiment l’image qu’on souhaite donner de Nantes ? La ville exonérerait-elle les annonceurs de sa taxe locale sur les publicités extérieures (TLPE) ? Comment éviter que l’Arbre ne fasse la promotion des chaînes de fast-food à tous les étages ? Etc.

Des questions qui ne perturbent probablement pas la JCE mais qui promettent de jolis débats municipaux en cas de résurrection du projet. Et l'on entend, dans les champs, s'enc... les éléphants !
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* Les Machines de l'île avaient pour l'Arbre aux hérons un objectif de fréquentation d'environ 400.000 visiteurs/an, soit en langage publicitaire 400.000 ODV (occasions de voir). Le CPM (coût pour mille) de la publicité extérieure est généralement inférieur à 1 euro. Un panneau publicitaire sur une branche de l'Arbre pourrait donc valoir peut-être 400 euros par an ; à ce prix, les 22 panneaux couvriraient en dix ans 0,25 % du coût du projet.

7 commentaires:

  1. La JCE ne pèse plus grand chose à Nantes depuis bien longtemps et elle a trouvé, là, un moyen de montrer qu'elle bouge encore.

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  2. Jobarde Rollande9 novembre 2015 à 18:49

    David Martineau, adjoint à la Culture, si tant est qu'il y ait encore un soupçon de culture au Conseil Municipal. Ce dont on peut douter, d'autant quelle a été transférée à la Métropole sous la dénomination Tourisme dans le cadre du Développement économique -la culture ne figurant pas dans la liste des compétences métropolitaines dès l'origine (voir : http://www.nantesmetropole.fr/institution-metropolitaine/competences/)-, la ville s'occupe du socio-culturel et de subventions aux animations dites culturelles : le carnaval, la revue La Cloche, les rendez-vous de l'Erdre,... ce n'est certainement pas de l'adjoint à la Culture qui déclarait à propos de l'Arbre aux hérons : "À Nantes, on se donne toutes les chances de ne pas répondre non." que l'on peut espérer d'autres ambitions que la rengaine : la culture pour tous.

    "À Nantes, on se donne toutes les chances de ne pas répondre non." Une telle phrase mérite de passer à la postérité. Elle devrait, à tout le moins, figurer en tête des Livrets de mariage...

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  3. Info Télé Nantes ce soir : l'Arbre Ohé Rond tombe à l'eau... Il ne reste que des grumes flottant sur la Loire et dans l'esprit des créateurs... Bravo JR, vos administrés peuvent être fiers de vous et surtout soulagés !

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  4. Bonne nouvelle, en effet !

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  5. Mais les deux créateurs continuent d'y croire pour l'avenir. " Il n'y a pas d'avenir des machines de l'île en dehors de l'Arbre aux hérons. Nous continuer plus que jamais à porter cet incroyable projet qui seul pourra donner une visibilité mondiale à Nantes."
    OF

    Dans ma boule de cristal, je ne vois bien que le carrousel tenir la distance. L'arbre aux hérons auraient pu être pas mal. Le point noir, c'est l'éléphant. Tout nouveau, tout beau. Mais le robot d'un animal bien plus impressionnant en vrai, qui passe le plus clair de son temps au garage, sur la durée, j'ai de gros doutes sur l'engouement futur.

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  6. Après cette annonce tant attendue par les foyers fiscaux nantais, les créateurs devraient encore pouvoir "rebondir" avec les nombreux millions d'€ toujours à disposition telle une rente afin de poursuivre l'aventure et blablabla...

    Le NON exprimé ne semble donc pas ferme et définitif, nous nous attendions à un peu plus de radicalité en ces temps difficiles et troublés Madame la Maire ! Fort heureusement, votre second argument en défaveur du projet lui, semble intraitable : pas de terrain dispo sur l'île Sainte-Anne (pour cause de CHU) ou la prairie aux Ducs (gentrification). À part recombler-renflouer l'île Mabon face au hangar à petits pois et y planter ce foutu arbre, je ne vois pas d'autre endroit pour regrouper les métiers de la FFNP (Fête Foraine Nantaise Permanente).

    S'il n'y a plus d'unités de lieu, l'ultime projet débilisant coule irrémédiablement à pic au fond du fleuve, se plante quelques instants dans la vase puis direction l'estuaire, voilà c'est fini comme disait l'autre...

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  7. Ainsi, le gouffre à fric de Pierre Orifice pourrait ne pas voir le jour ? Terminator regrette déjà la demi-décision de Madame la mairesse ; il s'y voyait déjà, escaladant les enfilades de tubes familiers, avant de lancer quelques boulons aux volatils métalliques en guise de repas...
    Et si on se contentait de planter un vrai arbre ? Il devrait y avoir assez de place. On y ferait nicher quelques hérons (des vrais, à nouveau). La rue de l'héronnière n'est pas loin, le climat a bien dû leur convenir. Les enfants pourraient venir les observer avec des jumelles, louées à prix d'or à La Machine (dédommagement oblige). On leur balancerait quelques grenouilles pour les fidéliser... Aux hérons, bien sûr, les grenouilles ; pour nourrir les enfants, les parents devront les emmener au restaurant chimico-bio, dont la gestion aura été confiée à ... La Machine (dédommagement oblige).

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