30 août 2015

Les trois mystères pékinois du cheval-dragon : (8) chinoiseries nantaises

Derrière le cheval-dragon, il y avait un loup. Voire plusieurs. C’est maintenant quasi-officiel. En principe, Long-Ma était revenu à Nantes pour la pose d’un palanquin et la formation d’ingénieurs chinois chargés de le manipuler (oui, des ingénieurs : voilà une machine dont l’exploitation ludique va coûter cher). Il devait ensuite repartir pour la Chine.

Son premier départ, l’an dernier, s’était fait sous l’œil des caméras. Après l’énorme succès de ses sorties sur le site des Chantiers, on en attendait au moins autant cette année, une belle cérémonie d’adieu pour son embarquement. On risque d’attendre longtemps.

Car tout à coup, Long-Ma ne repart plus. « Long Ma reste à Nantes », déclarait François Delarozière à Presse Océan le 25 août. Ridiculisant au passage Jean Blaise, qui la veille affirmait à France 3 : « il repart dans quelques jours ». Curieux cafouillage ! Car un tel voyage se prépare à l’avance. On a pu lire dans le supplément spécial d’Ouest France combien le voyage de Pékin à Nantes via Tianjin, Busan et Zeebrugge avait été compliqué. Le retour ne devait pas être plus simple. Inutile d’attendre le dernier moment en espérant trouver pour le cheval-dragon un billet pas cher sur Lastminute.com.

Alors quoi ? La Chine n’en veut-elle plus, de cette machine ? Ou bien la France refuserait-elle de la livrer pour quelque raison diplomatique ? Derrière Delarozière, il y a un mystère, derrière le cheval, y a-t-il un Mistral ? En tout cas, le storytelling ne tombe pas raccord avec la réalité : ça fait désordre.

Que va-t-il se passer à présent ? Une hypothèse : on ne va plus parler de Long-Ma pendant un bout de temps. Mais tout à coup, miracle ! Une fois le cheval-dragon oublié sortira de l’atelier de La Machine une autre mécanique merveilleuse : le Minotaure. Puisqu’il est terminé depuis longtemps, à en croire ce que disait François Delarozière l’an dernier, on aurait bien aimé voir parader ensemble ces deux machines achetées l’une par un mécène chinois, l’autre par la communauté urbaine de Toulouse. Mais on parie que ce sera tantôt l’une, tantôt l’autre ?

25 août 2015

Favet Neptunus Elephanti


Tel devait être le cas hier. Météo France avait annoncé des rafales à plus de 50 km/h tout l’après-midi à Nantes. En réalité, elles ont même dépassé 80 km/h en milieu de journée.
 

Le département tout entier était en alerte orange. Sagement, la ville de Nantes a fermé ses jardins publics. Et Les Machines ont affiché l’avertissement ci-dessous :
« En raison des conditions météorologiques, les voyages en Éléphant sont annulés jusqu'à 17 h 15. » Pourquoi 17 h 15 alors que la station météorologique de Nantes Atlantique a encore enregistré des rafales à plus de 70 km/h au-delà de 18 h 00 ? Aucune explication n’a été donnée à cette levée précoce de l’interdiction. Mais on peut dire qu’elle est tombée pile pour France 3, venu effectuer un tournage sur les lieux en fin d’après-midi. Le hasard fait bien la com’ !

17 août 2015

La fontaine de la place Royale est bien gardée

L’estuaire de la Loire est bien gardé, révélait Ouest France ce matin. La statue de la Loire ne l’est pas moins. Un barbu monté la chatouiller en haut de la fontaine de la place Royale cet après-midi a déclenché l’intervention d’un équipage de la BAC. Avec gilets pare-balles : sait-on jamais ce que l’individu cachait dans son boxer ?

Les badauds s'arrêtaient. S’agissait-il d’un animateur stipendié par Le Voyage à Nantes pour mettre en valeur un lieu intéressant de la ville ? Si l’on met des sièges en l’air place du Bouffay, pourquoi pas des barbus place Royale ?

Mais non, ce n'était pas un comparse : redescendu de lui-même juste avant l’intervention de la grande échelle des pompiers, l’incivil baigneur est reparti menotté. « Ça rigole pas à Nantes », notait une estivante. « Si c'est comme ça avec les blagueurs, qu’est-ce que ça doit être avec les délinquants ! »


12 août 2015

Les Machines de l’île n’ont pas vu passer leur 3 millionième visiteur

Le « X millionième visiteur », figure imposée des équipements touristiques, permet de booster la fréquentation (avant) et d’émettre des communiqués de victoire (après). Les Machines de l’île avaient ainsi fêté avec force cadeaux et compliments leur millionième visiteur, le 5 mars 2011, puis leur deux millionième visiteur, le 22 juin 2013. À quand le trois millionième ?

Les Machines de l’île, à en croire leurs chiffres officiels ou semi-officiels, ont réalisé les scores suivants (petit rappel : elles parlent toujours de « visiteurs » alors qu’il s’agit en réalité du nombre de billets vendus) :
2007
194.037
2008
243.509
2009
261.540
2010
283.211
2011
306.379
2012
505.244
2013
521.032
2014
592.171

Soit un total général de 2.907.123 billets vendus de l’origine à fin 2014*. Il n’en manquait donc que 92.877 pour parvenir au cap fatidique. D’après les statistiques de fréquentation antérieures, celui-ci aurait dû être franchi au printemps. Or, à ce jour, Les Machines n’ont pas annoncé de trois millionième visiteur !

L’heureux élu est-il passé si vite qu’elles ne l’ont même pas vu ? Si elles l'ont vu, pourquoi se sont-elles privées d'une si bonne occasion de communiquer ? Pour éviter qu'un trois millionième tardif ne révèle une fréquentation en baisse ? Il est vrai qu'un trou d'air aurait fait mauvais genre à un moment où Pierre Orefice et François Delarozière lançaient une Nième tentative en faveur de leur projet d’Arbre aux hérons…

Pas toujours foule (cette photo date de l'après-midi du 6 mai, un mercredi pourtant)
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* La progression continue de ces scores est une illusion d'optique. Comme l'année 2007 ne comportait qu'un semestre, la fréquentation a en réalité baissé en 2008. De même, le Carrousel des mondes marins ayant ouvert ses portes à la mi-juillet 2012, la fréquentation de 2013, sa première année complète, était en recul.

09 août 2015

Les trois mystères pékinois du cheval-dragon : (7) Pourquoi Ouest France n’en dit-il pas plus Long Ma ?

Ouest France avait déjà publié en octobre dernier un cahier spécial sur le cheval-dragon construit par la compagnie La Machine. L’expérience avait probablement été fructueuse puisque le quotidien remet ça en plein mois d’août avec Le cheval-dragon Long Ma revient à Nantes (2,90 €), rédigé lui aussi par Béatrice Limon.

Le document est intéressant pour ce qu’il révèle du travail des spécialistes qui ont construit la machine (métallos, roboticienne, mécanicien, soudeuse, peintres, menuisiers…) et des sous-traitants motoristes ou transporteurs.

En revanche, il ne fait pas la lumière sur son équation politico-économique complexe. Il ne répond pas aux interrogations ici exprimées sur les « mystères pékinois du cheval-dragon ». À l’occasion, il accentue même l’obscurité. Quelles étaient ces interrogations ?
  • Où sont les foules chinoises ? Ouest France reprend le chiffre officiel soufflé d’une « voix rauque » au mois d’octobre par François Delarozière : « entre les répétitions et les trois jours de représentation au mois d’octobre dernier, un million de Chinois ont vu directement Long Ma ». Est-ce une affirmation de l’homme qui a vu l’homme qui a vu le Chinois ? Aucune image publiée à ce jour ne montre cette foule (d’ailleurs modeste à l’échelle chinoise). Ouest France n’y remédie pas. Au-dessus d’une légende évoquant de « grands rassemblements de foule », une photo montre à tout casser une centaine de personnes. Sur la page d’en face, une autre, en fait de « centaines de milliers de personnes », montre une vingtaine de Pékinois. Sur la page suivante, il est question de « la rencontre extraordinaire entre Long Ma et la foule chinoise » sous une photo où une quarantaine de personnes contemplent la machine.
  • D’où viennent les économies ? Aussi grand et bien plus complexe que le Grand éléphant, le cheval-dragon a coûté presque le même prix sept ans plus tard, 2,8 millions d’euros, alors que les constructeurs ont dû respecter des délais « ahurissants ». Mais Ouest France ne dit rien du coût de la machine.
  • Qui est ce mécène si discret ? Diverses versions avaient circulé l’an dernier sur le financement de Long Ma. Désormais, une version canonique est établie : le spectacle de Pékin, qui a coûté 5 millions d’euros, a été financé par un « mécène » chinois, le promoteur immobilier Winland. Ouest France publie une interview de Simon Wang, présenté comme « assistant d’Adam Yu, le PDG de la société Winland ». Cet intéressant témoignage ne précise pas si Winland a pris en charge l’intégralité de la somme. Ni pourquoi Adam Yu s’est trouvé propulsé à une place d’honneur, à côté de François Hollande, lors de la réception à l’Élysée du comité des mécènes du cinquantenaire des relations diplomatiques franco-chinoises.
  • La surprise du cinquantenaire. Le cinquantenaire du rétablissement de relations diplomatiques entre la Chine et la France avait été préparé de longue date. Il comportait de nombreux événements en France et en Chine. Parmi ces derniers, huit étaient considérés comme spécialement importants par l’ambassade de France en Chine. Le spectacle de La Machine n’en faisait pas partie. Comment et pourquoi s’est-il soudain invité dans le programme au dernier moment ? Ouest France n’en dit rien, sinon que le conseiller culturel de l’ambassade a poussé à la roue.
  • Long Ma, cheval de retour ? On s’étonnait qu’il faille un aller-retour de Pékin à Nantes pour former des pilotes chinois alors qu’il aurait été plus simple de les former chez eux. À lire Ouest France entre les lignes, le retour à Pékin est rien moins qu’assuré ! « J’espère qu’on reverra Long Ma en Chine », déclare la traductrice qui accompagnait François Delarozière à Pékin, qui pense que « le pays n’est pas encore prêt ». Simon Wang, pour sa part, évoque un « tour du monde » dont Nantes serait le début mais se montre très évasif quant au retour de Long Ma en Chine.
  • Long Ma réincarné en minotaure ? Le cheval-dragon ne sera visible sur le site des Chantiers qu’à partir du 14 août : c’est trop bête, le plus clair de la saison touristique sera déjà passé. Or La Machine détient en principe dans son hangar le Minotaure qu’elle a vendu à Toulouse voici des années et qui serait, toujours en principe, achevé depuis des mois. Son prix, sa taille, son poids, sa motricité en font un quasi-jumeau de Long Ma. Puisqu’il est terminé, pourquoi ne pas l’avoir montré pour faire patienter le public ?

06 août 2015

Nantes remontera-t-elle un jour sur les podiums ?

Bruyamment annoncé en Une sous le titre « La cité des trouducs de Bretagne », un article de la dernière Lettre à Lulu établit un « classement des classements » des villes. Son auteur, qui signe Jacky Lombo, a quand même trouvé un palmarès dans lequel Nantes arrive en tête : ce serait la ville la moins chère pour un week-end à deux selon TripAdvisor.

En revanche, elle ne figure pas parmi les 132 villes les plus visitées selon MasterCard ni parmi les 1.000 villes les plus réputées selon Trivago (qui cite en revanche Toulouse, Lyon et Nice). Et pas davantage parmi les villes les plus agréables, les plus ensoleillées, les plus amatrices de lecture, les plus chères, les plus sûres, les plus violentes, les plus numériques, les plus durables…

L’anonymat n’est pas toujours aussi absolu. Fin 2013, le petit opérateur de télécoms m2ocity classait Nantes au troisième rang de son palmarès « villes de demain 2014 » derrière Lyon et Lille. Il est vrai que le classement était établi par une « agence conseil en stratégie communication et marketing » et que son premier critère était « l’ambition que la ville communique », or on sait que Nantes n’est pas chiche en com’. L’été dernier, Nantes arrivait 6e du palmarès des villes où il fait bon travailler établi par l’institut Great Place to Work, derrière Bordeaux, Toulouse, Montpellier, Aix-en-Provence et Lyon. Un peu plus tôt, l’APEC avait classé Nantes au quatrième rang des métropoles les plus attractives sur le plan du dynamisme économique, au même niveau que Lille, Bordeaux et Grenoble mais loin derrière Paris, Lyon et Toulouse.

Tout n’est pas nul donc. Pourtant, les vieux Nantais se rappellent que la ville trustait les premières places dans les classements au début des années 1990. C’était apparemment la ville où tous les Français auraient voulu vivre. Jean-Marc Ayrault, qui venait d’être élu à la mairie de Nantes, buvait du petit lait. Avec un quart de siècle de recul, un bilan moins sympathique s’impose : malgré une communication intensive, malgré des manifestations de prestige, malgré de gros investissements dans l’événementiel à la Jean Blaise, dans Les Machines de l’île ou dans Royal de Luxe, la réputation de Nantes a reculé pendant le mandat de Jean-Marc Ayrault.

04 août 2015

L'hôtel de la Duchesse Anne aux mains des démolisseurs

Comme elle l'avait déjà montré avec les salons Mauduit, la ville de Nantes s'avère bien plus efficace pour détruire son patrimoine que pour le protéger...




01 août 2015

Le Voyage à Nantes, récidiviste de la malbouffe

En 2013 et 2014, La Cantine du Voyage avait déçu. C’est un euphémisme : en fait, le restaurant du quai des Antilles était considéré comme l’un des plus mauvais de Nantes. En 2015, promis-juré, on avait rectifié le tir, on allait voir ce qu’on allait voir.

La Cantine du Voyage en 2014 :
on a changé les couleurs, mais
le reste aurait plutôt empiré
Nous sommes à mi-chemin du Voyage à Nantes 2015, et on a vu. Depuis sa réouverture, La Cantine du Voyage a totalisé 37 nouveaux avis sur TripAdvisor. C’est relativement beaucoup. Hélas, ils sont encore pires qu’avant ! La note moyenne n’atteint même pas 2 sur 5. Et ce serait moins encore s’il n’y avait pas la Loire : de nombreux commentaires mentionnent l’agrément du lieu. Car pour le reste, presque tous les avis se rejoignent : ce n’est pas très bon, c’est cher pour ce que c’est, et le service est déplorable.

Les commentateurs locaux ne sont pas toujours plus indulgents que les autres. « Nul nul nul », résume Nthvza, de Nantes. « Le concept ok, le repas à oublier », tempère Joseph H, de Basse-Goulaine. « Sans doute beaucoup mieux dans le quartier… », conjecture Joelle t, de Nantes.
À ce jour, TripAdvisor classe La Cantine du Voyage n° 738 sur 955 restaurants à Nantes. Loin derrière certains fast-foods.

Il y a là un mystère. Le Voyage à Nantes voudrait faire connaître Nantes comme une destination gastronomique. On applaudit, bien sûr ! Pourtant, il cautionne une gargote. N’a-t-il pris aucune précaution pour éviter ce désastre ? N’a-t-il pas tiré les leçons des déconvenues passées ? Cela sent l’amateurisme…