15 juillet 2011

Spiderblaise se fait des illusions

Le clip réalisé par Gaëtan Chataigner pour le compte du Voyage à Nantes est joliment fait. Mais on lui demande trop. « Objectif : faire de la ville une métropole touristique internationale », écrit ainsi Jean-Marc Ayrault sur son blog. Ce raisonnement est typique d’une politique municipale qui prend l’apparence pour la substance. Nantes ne deviendra évidemment pas une « métropole touristique internationale » par la seule vertu d’un clip miraculeux. La plus belle ville du monde ne peut donner que ce qu’elle a.

Le clip convainc aisément les convaincus. « Ce qui est bien avec cette vidéo est qu'elle ne cherche pas à tout montrer (comme dans les vidéos classiques de tour operator, visant à tout étaler en espérant toucher dans le mille) », écrit ainsi un certain Drey*, préposé à l’admiration béate de la politique municipale nantaise sur le site de critique architecturale PSS. On notera quand même que ces « vidéos classiques » ont leur raison d’être : pour attirer les touristes, le moyen le plus évident est encore de leur proposer ce qui leur plaît.

Il est bien sûr louable de chercher à faire mieux. En réalité, le clip du Voyage à Nantes fait plutôt moins bien. Autant que les autres, il cherche à « tout étaler » – et il est assez significatif que Drey ne s’en soit même pas aperçu. Plan après plan, il montre avec application les attraits touristiques nantais spécifiés par son cahier des charges. Mais on ne les voit pas. Déjà insignifiants pour certains d’entre eux (L’Absence, De temps en temps, Le Lieu unique...), ils sont traités comme de simples décors, occultés par des images fortes (le sosie de Spiderman, le cow-boy sur son cheval à ressort, le mariage immobile, etc.).

S’il est agréable à l’œil, on voit mal en quoi ce clip incite le touriste potentiel à sortir son portefeuille et à réserver à Nantes quelques jours de son agenda – ce qui est en principe le but de la manœuvre. La faute n’incombe pas au réalisateur, qui est un artiste, mais à son client, coupable d’amateurisme. Voilà un film de com’ qui n’a pas été supervisé par un professionnel de la com’. De même que science sans conscience n’est que ruine de l’âme, spectacle sans stratégie n’est que ruine du contribuable.

* P.S. du 4 octobre : Selon Drey, alias Le Brigadier, l'examen de ses posts sur plusieurs années ne permet pas de le qualifier de "préposé à l'admiration béate de la politique municipale nantaise". Cette formule, polémique il est vrai, tient au fait que beaucoup d'entre eux relaient sur le site PSS des articles parus dans la presse locale... qui elle-même reproduisait les communiqués officiels.

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