18 avril 2010

Le masque du Mémorial tombe

Dans le n° 202 du magazine municipal Nantes Passion, Ophélie Lemarié fait le point sur le « projet » de la ville pour « améliorer sa visibilité et son attractivité en Europe et dans le monde ». Il paraît que Nantes n’attire pas assez les étrangers. Pourtant, elle réussit très bien quand elle veut. Elle est ainsi devenue pour les Roms de Roumanie une « véritable destination de tourisme urbain », comme dirait Jean-Marc Devanne, ex patron de l’office de tourisme.

Nantes s’est donc dotée d’un conseil consultatif à l’attractivité internationale. Celui-ci voudrait faire de Nantes une marque commerciale qui « refléterait les différences, les valeurs et les traits de caractère qui fondent l’identité du territoire ». En spécialiste du marketing, Philippe Audic, président de ce conseil, sait bien que pour développer une marque solide, il faut exploiter les éléments d’image existants. Le concept qui tient la corde, toujours selon Nantes Passion, serait « La Loire, l’Estuaire et l’Océan ; une longue tradition d’audace, un esprit d’aventure et d’innovation ».

Une longue tradition, dites-vous ? La vraie vocation du Mémorial de l’esclavage s’éclaire soudain ! On avait cru qu’il serait un haut lieu de la repentance désignant Nantes à l’opprobre international. On découvre qu’il sera en fait un hommage aux négociants, marins et armateurs nantais.

Car enfin, quelle innovation commerciale que le commerce triangulaire (vendre à l’Afrique les produits manufacturés de l’Europe, à l’Amérique les produits humains de l’Afrique, à l’Europe les produits agricoles de l’Amérique) ! Que d’esprit d’aventure chez les marins qui s’engageaient dans un tel périple via la Loire, l’estuaire et l’océan ! Que d’audace chez les armateurs qui s’asseyaient sur les droits de l’homme !

On comprend mieux, du coup, pourquoi les 2.000 plaques apposées sur l'esplanade du Mémorial mettront en valeur les expéditions négrières et non les esclaves eux-mêmes. Voilà de quoi attirer vers la ville une élite internationale d’entrepreneurs, de chercheurs et de créateurs. La marque nantaise est vraiment bien partie.

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