26 juin 2009

Nantes, capitale mondiale du toc

"Quels sont les atouts et les inconvénients touristiques de Nantes ?" demande le dernier forum en ligne de Presse Océan. Une réalité s'impose : les principaux atouts de Nantes, du château des ducs à Jules Verne, datent d'une époque où personne n'envisageait que Nantes puisse être autre chose que bretonne. La question ne se posait même pas, c'était une évidence.

Dans la deuxième moitié du XXe siècle, après une première tentative sous Vichy, la technocratie, histoire d'arrondir le stock de hochets et de prébendes disponibles, a inventé les Pays de la Loire. Elle et s'est ingéniée à en faire une réalité avec un budget, des fonctionnaires, des élus, des bâtiments et, cerise sur le gâteau, un logo. Bien entendu, puisqu'il y avait des places à prendre et des dépenses à récolter, une litanie de profiteurs et de moutons de Panurge a suivi le mouvement.

Mais ça ne suffit pas à attirer les touristes. Déjà, après quarante ans de communication publique dense, la mayonnaise n'a pas pris localement : le sentiment breton demeure vivace en Loire-Atlantique. Alors, pour les touristes, quelques lustres de pub guichardienne ou auxiettique ne pèsent pas lourd face à quinze siècle d'histoire et de culture bretonnes. "Visitez Nantes, capitale des Pays de la Loire" est un slogan à peu près aussi sexy que "Visitez Vichy, capitale de la France".

Un marché à prendre dans le frelaté et l'artificiel

La communication ligérienne ne fait que brouiller l'image de Nantes, réduisant son potentiel touristique au lieu de le renforcer. Même sur le plan économique, les Pays de la Loire ne sont pas une bonne affaire !

Alors, bien sûr, il serait envisageable de changer de cap, de tourner le dos à l'histoire et de jouer à fond la carte de l'innovation. Avec son palais de justice en forme de plate-forme logistique, son école d'architecture qui ressemble à un parking aérien, son hangar à bananes fait pour les poires, ses loups en centre ville, ses machines qui se prennent pour des oeuvres d'art, son lieu banal qui se croit unique et sa région tordue qu'on dirait imaginée par Erwin Wurm, Nantes aurait un créneau touristique à occuper auprès des amateurs de frelaté et d'artificiel. "Nantes, capitale mondiale du toc !", en voilà un slogan qui aurait de l'allure.

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