08 novembre 2008

Pourquoi l’éléphant est foutu : (2) le business

Tout au long de leur premier semestre d’activité, de juin à décembre 2007, les Machines de l’île ont multiplié les communiqués de victoire. Et puis soudain, plus rien. En particulier, aucun bilan officiel au 30 juin 2008, un an après l’ouverture.

La raison en est simple : les ventes de billets sont en baisse. Même les cocoricos l'avouent entre les lignes : à la mi août 2007, selon Pierre Oréfice, le nombre de visiteurs dépassait de 100 % les prévisions. Fin 2007, selon Jean-François Retière, élu de Nantes Métropole chargé du tourisme (Presse Océan du 17 janvier 2008), le dépassement n’était plus que de 60 %. La tendance baissière s’est poursuivie, et l’été 2008 a été franchement mauvais : alors que la fréquentation touristique à Nantes a progressé de 14 % et que le nombre de places de l’éléphant a été discrètement poussé de 45 à 49, les ventes de billets ont chuté de 35 % d'un an sur l'autre !

À première vue, la baisse de forme des Machines est davantage imputable à la galerie qu’à l’éléphant : elle ne représente plus que 75 % de la fréquentation au lieu de 84 % à l’été 2007. Mais l’éléphant est un casse-tête économique : il manque beaucoup de ventes en période de pointe – car il est complet – et fonctionne souvent presque à vide en basse saison. Le problème est aggravé par la lenteur de la bête. Elle devait à l’origine effectuer le voyage aller-retour des Nefs à la grue jaune en 20 minutes. Les responsables ont attendu le jour de l’inauguration pour avouer que le parcours demanderait en réalité plus d'une heure. La cata ! Le trajet a donc été tronçonné en deux – mais au lieu de douze promenades par journée de six heures, l’éléphant n’en fait que huit. Si techniquement il avait tenu ses promesses, il réaliserait 50 % de recettes en plus ! Le potentiel perdu (à raison de quatre promenades x 49 passagers x 6 euros par billet) est de 1 176 euros par jour – tandis que les coûts sont alourdis par la location d'une passerelle d'aviation et par l'intervention d'un opérateur à chaque changement de passagers côté grue. Dans ces conditions, n’importe quel étudiant de première année d’école de commerce aurait conclu que le business plan de l’animal ne tenait pas la route.

Les responsables des Machines de l’île continuent pourtant à manifester en toute circonstance un optimisme qui laisse pantois. Pierre Oréfice déclarait cet été (Presse Océan du 13 août 2008) : « Nous remplissons quotidiennement plus de 100 % de nos capacités ». Plus de 100 % ? C’est ce qu’on appelle avoir les yeux plus gros que le ventre ! Et c’est surtout un gros mensonge, puisque le patron des Machines savait à cette date que la fréquentation reculait dramatiquement.

Nantes Métropole avait prévu de verser pour les premières années de fonctionnement des Machines une subvention d’exploitation de 800 000 euros, dont 500 000 euros en 2007. Ensuite, l’éléphant devait en principe acquérir son autonomie. Et pour longtemps : à son lancement, il était annoncé qu’il serait en fonction au moins jusqu’en 2020. Sauf généreuse intervention du contribuable, on peut désormais en douter.

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